Dossier des latinistes

Lausanne 2002 : L'oiseau et le serpent au Musée romain de Lausanne-Vidy

Sous la direction de notre professeur Monsieur François Mottas, et avec la collaboration de l'équipe du Musée (merci à son directeur, Monsieur Laurent Flutsch), mes camarades Aurélie Cuénod, Gabrielle Fontanaz, Marisa Lauper, Karine Gassner, Sophie Rodieux et moi-même avons eu le plaisir, le printemps dernier, de présenter au public l'aboutissement de nos travaux de maturité. Il s'agissait de la symbolique de l'oiseau et du serpent dans les anciennes civilisations et de sa comparaison avec les appréhensions modernes de ces animaux... Force nous a été de voir combien surprenantes et réflexives sont les mythologies grecque, romaine, égyptienne et africaine lorsqu'on les aborde ainsi de façon transversale et qu'on se penche sur leurs similitudes!

Vous trouverez ci-dessous quelques-uns des objets exposés. En outre, ne manquez pas de visiter la rétrospective que M. Mottas consacre au même sujet sur son site du Gymnase du Bugnon à l'adresse: http://www2.unil.ch/gybn/Dossiers/Oiseau_serpent/index.htm
ainsi que, naturellement, la page qu'on trouve sur le site officiel de la Ville de Lausanne: http://www.lausanne.ch, dans la rubrique "Expositions temporaires".

Alexandre Solcà

tétradrachme d'Athènes

Chouette d'Athéna, avec rameau d'olivier et croissant de lune, tétradrachme d'Athènes, vers 460 av. J.-C.
(Genève, Musées d'art et d'histoire, CdN 6980)

La chouette chevêche, symbole d'Athéna, incarne la vivacité du regard, et par conséquent la sagesse et la réflexion attribuées à cette déesse. Accompagnée de l'olivier, elle évoque les temps mythiques de la fondation d'Athènes, où, face à Poséidon qui proposait aux Athéniens l'empire maritime, Athéna offrit l'olivier, symbole de commerce et de paix. Les Athéniens n'oublieront pas Poséidon puisqu'ils accepteront son offre, mais plus tard...

Aujourd'hui encore, les Grecs manifestent leur attachement à l'oiseau-fétiche en reproduisant la monnaie antique au coeur de leur pièce d'un euro.

cobra ou uraeus égyptien

Musée de design et d'arts appliqués contemporains & Fondation Berger, Lausanne

Ces cobras dressant leur gorge dilatée, ou uraei, l'un en bronze, l’autre en bois doré, sont tout d’abord les emblèmes de la royauté, symboles de la puissance du pharaon et de sa filiation au dieu soleil Râ. En effet, le souverain, tout comme Râ, doit chasser Apophis, incarnation des forces contraires et ténébreuses. On peut supposer que le deuxième uraeus, en bois doré, surmonté d’un disque solaire, provient d’une tombe car il symboliserait alors la force que doit acquérir le défunt dans son combat contre Apophis, à l’instar du soleil, pour mener à bien son voyage dans le monde de l’au-delà.

Lorsqu'on sait que la morsure de l'ureus était censée conférer l'immortalité, l'on comprend qu'en choisissant ce type de mort pour échapper aux Romains, Cléopâtre soulignait à la fois son ascendance royale et sa nature divine.

Bronze représentant Triton

Support en bronze représentant un Triton (Epoque romaine, musée romain d'Augst)

Le rapport entre l'homme et le serpent est fréquent dans nombre de mythes. Chacun connaît la "déesse aux serpents" crétoise retrouvée à Cnossos. Cécrops, premier roi légendaire d'Athènes, né de la terre même de l'Attique, ainsi qu'Ericthonios, l'un de ses successeurs, étaient tous deux des hommes-serpents.

Le bronze ci-contre fait bien apparaître la double nature de Triton (considéré tantôt comme le propre fils de Neptune, tantôt comme l'une des créatures marines fabuleuses escortant son char).

La thème de la femme-serpent réapparaît au Moyen Age, notamment dans la légende de Mélusine.

Retour en haut de page

Amphore représentant un conducteur de char

Amphore corinthienne, vers 550 av. J.-C.
(Antikenmuseum und Sammlung Ludwig, Bâle)

Ce vase montre la fameuse épiphanie (epifaneia) du dieu, ici Zeus, symbolisé par l'animal qui lui est consacré, l'aigle. Celui-ci, présage de la victoire, symbole de puissance et intermédiaire entre les dieux et les hommes, nous annonce que le conducteur du char va gagner la course. Cette scène rappelle d'ailleurs un passage de la cinquième Pythique de Pindare où le poète fait allusion à la victoire du beau-frère d'Arcésilas IV aux jeux pythiques et à son talent d'aurige.

Comme quoi notre valeur et notre bonheur dépendent des dieux...

Médaille représentant la chute d'Icare

Dédale et Icare, médaillon en bronze du 2ème ou 3ème siècle après J.-C.
(Lausanne, Musée Romain)

Ce superbe objet nous fait rêver à la légende de Dédale et Icare: la quête des connaissances, symbolisée par Dédale, est indispensable; mais quand elle devient orgueil excessif, volonté de puissance (cf. Icare), elle se brûle les ailes... Icare, symbole du rêve de l'homme-volant, préfigure la conquête du ciel: l'homme, en s'inspirant des procédés d'aérodynamisme utilisés par l'oiseau, saura créer l'aéronautique... Nous pouvons aussi admirer le talent de l'artiste qui, sur un espace aussi exigu, parvient à reproduire les moments-clés de ce mythe.

Stèle votive dédiée à Amphiaros

ARCINOSAMFIARAWIANEQHKEN
Stèle votive en marbre (moulage), 380-370 av. J.-C.
Oropos (Attique)

D'après la dédicace, un nommé Archinos a fait exécuter cette stèle pour remercier le dieu Amphiaraos de l'avoir guéri. A droite, à l'arrière-plan, le patient repose sous la garde d'un prêtre, tandis qu'un serpent sacré vient lécher son épaule. Peut-être rêve-t-il que le dieu lui-même est en train de l'opérer (scène de gauche)... Peut-être l'acte chirurgical rêvé a-t-il réellement eu lieu par la suite... Quoi qu'il en soit, le rêve joue ici un rôle de trait-d'union entre la guérison magique et l'acte médical.

Retour en haut de page

Retour au niveau supérieur

Retour à la page d'accueil