DOSSIER DES LATINISTES

TEXTES DU MUSEE ROMAIN DE LAUSANNE-VIDY

obligeamment communiqués par leur auteur, M. Laurent Flutsch

APERÇU HISTORIQUE

I. Au fil du temps

Comment un centimètre peut représenter quinze mille ans

Un zoom pour y voir plus clair: un centimètre représente cent ans

 

II. Avant les Romains

Les Helvètes "riches en or et pacifiques"

 

III. Histoire et Histoires

Ier siècle av. J.-C.

Emigration helvète : 368'000 demandeurs d'asile!

Guerre des Gaules

Conquête romaine

La colonia julia equestris de Nyon

Assassinat de Jules César

Bâle dans le camp romain

Rétrospective: les débuts de Lousonna

La bataille d'Actium

Début de l'empire

Conquête de l'Helvétie

Nouvel essor à Lousonna

Rome contre les Germains

Ier siècle apr. J.-C.

Naissance du Christ

Trois légions romaines massacrées

Une garnison en Helvétie

Les empereurs romains

Transversales alpines

Un forum à Lousonna

Rome est en feu!

Coups d'Etat militaires: la guerre en Helvétie!

Banque et cadeaux impériaux

Rome outre-Rhin

Le Vésuve déchaîne l'enfer!

Une nouvelle province

IIème siècle apr. J.-C.

L'Helvétie sans armée

Un empire de 50 millions d'habitants

Troubles en Helvétie

La peste!

Menace sur le Danube

IIIème siècle apr. J.-C.

Tous citoyens romains!

Les Alamans sur le Rhin!

Elagabale perd la tête

Une compagnie de navigation à Lousonna

Perses, Alamans et coup d'Etat

Rome fête son premier millénaire; grave crise monétaire

Les chrétiens persécutés

Tremblement de terre à Augusta Raurica

Un empereur romain exécuté

L'état de l'Empire empire...

Le vainqueur des Germains vaincu par la peste

L'Empire rapiécé

Probus: mort pour avoir réussi !

Réformes de Dioclétien

IVème siècle apr. J.-C.

Constantin: un empereur chrétien

Les Germains associés à la défense de l'Empire

Règne de Julien l'Apostat; mort de Jovien

Deux empires romains!

Encore les Alamands!

Co-empereur à 4 ans!

Les Germains attaquent à l'est

Interdit de ne pas être chrétien!

Le général vandale Stilichon sauve Rome

Vème siècle apr. J.-C.

Les Goths à Rome

Lousonna: là-haut, sur la colline...

Les Burgondes à Lousonna

Les Huns contre les autres

Rome pillée pour la deuxième fois

Lyon, capitale burgonde

L'empire démantelé

476: la fin d'un monde

 

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I. Au fil du temps

Il y a 15 milliards d'années, le Big Bang a donné naissance à l'Univers, à l'espace et au temps.

Notre planète, beaucoup plus jeune, n'a que 4 milliards 500 millions d'années. Une durée qui nous dépasse totalement : à l'heure où les trotteuses égrènent les secondes sur tous les poignets, un siècle déjà paraît bien long. Que dire alors de milliers, de millions, de milliards d'années?

Pour aider à mieux mesurer cette démesure, le fil vert déroule l'histoire de la Terre. Il mesure 3 kilomètres de longueur, pour 4 milliards et demi d'années : chaque centimètre de fil représente donc 15'000 ans.

On saisira ainsi à quel point l'homme est une invention récente et dérisoire de la vie. Et on verra que l'époque romaine, à l'échelle du temps, n'est qu'un infime instant, hier à peine.

1 cm = 15'000 ans

 

 

1

Il y a 4 milliards 500 millions d'années (4'500'000'000) : naissance d'une planète

Dans l'un des bras de notre galaxie, la Voie Lactée, des gaz et des poussières se concentrent pour former, il y a un peu plus de 4 milliards et demi d'années, une nouvelle étoile : le Soleil. Les particules qui l'entourent se heurtent et s'agglomèrent en embryons de planètes, bombardés par des conglomérats plus petits qui ajoutent à leur masse : en quelques millions d'années, la Terre, boule encore incandescente, est formée. Un corps gigantesque la percute quelques autres millions d'années plus tard, et de cette rencontre naît la Lune.

 

2

Il y a 4 milliards 300 millions d'années : de l'eau liquide

La Terre se refroidit : une croûte rocheuse se forme à la surface et la vapeur d'eau se condense en pluies torrentielles. Les océans couvrent la planète.

 

3

Il y a 3 milliards 800 millions d'années (après 465 m) : de la vie

Au fond des océans, des molécules organiques complexes se combinent et se multiplient. Comment la matière a-t-elle pris vie ? On l'ignore encore; mais des cellules encore sans noyau (bactéries, algues primitives), se mettent à se reproduire en se divisant.

 

4

Il y a 2 milliards d'années : de l'air respirable

La prolifération des algues primitives dégage de l'oxygène, qui s'accumule dans l'atmosphère.

 

5

Il y a 1 milliard 500 millions d'années : des gènes

Innovation fondamentale, la vie invente les cellules à noyau et chromosomes: un formidable gain d'efficacité biologique.

 

6

Il y a 900 millions d'années (600 m avant aujourd'hui) : des sexes

Nouvelle révolution sur la planète bleue : le sexe. Au lieu de se reproduire en se divisant, on procrée en s'accouplant. Deux êtres différents en forment un troisième, qui combine leurs caractéristiques. Conséquence : variété et rapidité d'évolution accrues. Conséquence secondaire : chaque individu ainsi créé est unique. Dès lors, il disparaît totalement et définitivement en fin de vie. La mort est née.

 

7

Il y a 800 millions d'années : deux branches

Toujours limitée aux océans, la vie a pris deux chemins bien distincts : la vie végétale, qui tire son énergie de la lumière solaire, et la vie animale, qui consomme la matière organique des autres êtres vivants.

 

8

Il y a 700 millions d'années : des océans pleins de vie

La vie se met à proliférer sous la mer. Durant 150 millions d'années, des organismes pluricellulaires complexes se développent ; dotés de carapaces et de coquilles, ils laissent les premiers fossiles aisément identifiables : trilobites, mollusques à coquille…

 

9

Il y a 450 millions d'années : de la verdure

La vie se risque à l'air libre: des mousses aux arbres, qui forment les premières forêts il y a environ 400'000'000 ans, les plantes envahissent la terre ferme.

 

10

Il y a 410 millions d'années : des animaux hors de l'eau

A son tour, la vie animale conquiert la terre ferme. A l'avant-garde, des araignées, des scorpions, des mille-pattes et autres insectes sans ailes, bientôt suivis par des vertébrés amphibies qui descendent des poissons puis, il y a environ 320 millions d'années, par les premiers reptiles.

 

11

Il y a 250 millions d'années : extinction massive

Soudainement, en quelques millions d'années ou peut-être beaucoup moins, près de 95 % des espèces vivantes disparaissent, pour une raison encore mal connue. Peut-être bien une gigantesque éruption volcanique à l'origine d'immenses couches de lave repérées en Sibérie, et dont les rejets dans l'atmosphère auraient obscurci le ciel et altéré le climat durant des années.

 

12

Il y a 220 millions d'années (146 m avant aujourd'hui) : les dinosaures

30 millions d'années après la grande extinction, les espèces survivantes réoccupent le terrain. Parmi elles, des reptiles qui engendrent les dinosaures ; en même temps qu'eux apparaissent les premiers mammifères.

 

13

Il y a 140 millions d'années : de la vie dans le ciel

Certains dinosaures ont développé des aptitudes qui leur ouvrent la voie des airs : les oiseaux prennent leur envol. Les 6000 espèces d'oiseaux qui peuplent aujourd'hui la Terre sont les derniers descendants des dinosaures.

 

14

Il y a 65 millions d'années (43 m avant aujourd'hui) : cataclysmes

Nouveaux désastres sur la planète Terre : un astéroïde d'une dizaine de kilomètres de diamètre percute le globe près du Mexique actuel, rejetant des matériaux dans l'atmosphère. Et d'énormes éruptions volcaniques, dont les traces sont visibles en Inde, obscurcissent elles aussi le ciel. La forte dégradation du climat liée à ces fléaux entraîne la disparition de nombreuses espèces, dont les dinosaures. Parmi les survivants, les mammifères vont connaître un fort développement.

 

15

Il y a 35 millions d'années : nos montagnes

Déjà en formation depuis quelques millions d'années, les Alpes émergent de plus en plus, sous la poussée vers le Nord du continent africain. Les hautes montagnes qui marquent nos paysages terrestres se sont presque toutes formées au cours des derniers 90 millions d'années, par suite de collisions et de compressions des masses continentales.

 

16

Il y a 4 millions 500'000 ans : des singes debout

En Afrique orientale, les Australopithèques, primates évolués et bipèdes, utilisent des outils rudimentaires de pierre et d'os.

 

17

Il y a 3 millions d'années : Lucy

Âgée de 20 ans environ, la plus célèbre des Australopithèques mesurait 1 mètre 10 et vivait au Sud de l'Éthiopie. Comme le montrent ses 52 ossements, elle était bipède, mais elle était aussi arboricole.

 

18

Il y a 2 millions 500'000 ans : Homo

Un premier membre de la famille fait son apparition en Afrique : Homo habilis, ainsi nommé parce qu'il fabrique des outils de pierre élaborés. Sa taille varie entre 1 mètre 20 et 1 mètre 40, et son poids avoisine les 40 kilos.

 

19

Il y a 1 million 600'000 ans : des hommes qui voyagent

Une nouvelle espèce d'homme, Homo erectus (1 mètre 50 à 1 mètre 80) se répand en Europe et en Asie. Il y a environ 500'000 ans, Homo erectus crée une révolution : il domestique le feu, y gagnant à la fois de la sécurité, du confort et une alimentation plus variée.

 

20

Il y a 350'000 ans : Homo sapiens

Les Homo sapiens occupent le terrain. Parmi eux, l'Homo sapiens neanderthalensis, alias homme de Néandertal, qui occupe nos régions il y a 100'000 ans. C'est l'époque des plus anciennes sépultures connues, découvertes au Proche-Orient ; l'une d'elles a livré les traces d'une offrande de fleurs.

De forte carrure, les arcades sourcilières marquées et sans menton, les Néandertaliens possédaient un cerveau 10 % plus volumineux que le nôtre.

 

21

Vers - 35'000 (2,46 cm avant aujourd'hui): nous

Les derniers Néandertaliens disparaissent. Ne reste que l'Homo sapiens sapiens, aussi appelé homme de Cro-Magnon, qui s'était implanté en Europe vers - 80'000 déjà et qui y a cohabité avec les Néandertaliens sans jamais, semble-t-il, se mêler à eux. Les sapiens sapiens sont toujours là, et sur toute la planète : tous les humains actuels sont des Cro-Magnon.

C'est il y a 35'000 ans aussi que l'homme, devenu artiste, commence à mettre ses idées en forme : avec les premières statuettes en ivoire de mammouth, les peintures de la Grotte Chauvet (France) inaugurent, 20'000 ans avant Lascaux, le règne des images.

 

22

Vers - 14'000 : le redoux

Au cours des dernières centaines de milliers d'années, les glaciers ont périodiquement recouvert nos contrées. La période tempérée dont nous jouissons aujourd'hui débute vers - 14'000. Les sols libérés par les glaces sont colonisés par la toundra, où vivent des animaux arctiques comme le renne.

 

23

Vers - 8'200 : la forêt

Le paléolithique, qui dure depuis les débuts de l'humanité, fait place au mésolithique. Le climat se réchauffe de plus en plus, et la forêt remplace la toundra.

 

24

Vers - 5'500 (5 mm avant aujourd'hui) : la "révolution" néolithique

Premiers paysans, premiers défrichements, premiers labours, premiers bergers, premiers villages, premiers récipients en terre cuite... Nés 5'000 ans plus tôt au Proche-Orient, l'agriculture et l'élevage bouleversent la vie des hommes.

 

25

Vers - 3'500 : par écrit

En Mésopotamie puis en Chine, on invente l'écriture. Tout d'abord affectée à des listes comptables et autres usages administratifs, cette nouveauté améliore la conservation et la transmission du savoir, dotant l'humanité d'une mémoire enrichie. L'écriture n'entrera en usage dans nos régions que 3'000 ans plus tard !

 

26

Vers 2'300 : âge du bronze

En ajoutant de l'étain au cuivre, dont ils maîtrisent la métallurgie depuis déjà 2'000 ans, les hommes obtiennent le bronze : un alliage résistant, brillant comme de l'or, qui remplace la pierre et le cuivre pour l'outillage, l'armement et la parure.

 

27

Vers 800 : âge du fer

Les hommes sont parvenus à réduire et à travailler le fer. Dernière période de la préhistoire (parfois nommée protohistoire, c'est l'époque des Celtes ; parmi eux, les Helvètes, qui occupent le Plateau suisse dès - 150 environ.

 

28

  • 15 (1,33 mm avant aujourd'hui) : époque romaine

Intégrés à l'empire romain, les Helvètes et leurs voisins sortent de la préhistoire et entrent dans l'histoire écrite. Conventionnellement, pour nos régions, la période romaine dure de -15 à 476, soit près de 5 siècles : à notre échelle, où l'histoire de la Terre se déroule sur trois kilomètres, cela ne représente qu'un tiers de millimètre.

 

29

476 : le haut moyen âge

La fin de l'empire romain d'Occident marque le début du haut moyen âge, qui voit la suprématie des peuples germaniques, Burgondes et Alamans, englobés dans l'empire franc à partir du 6ème siècle.

 

30

800 : le moyen âge

La dynastie franque des Mérovingiens cède la place à celle des Carolingiens. Le sacre de Charlemagne marque conventionnellement le passage au moyen âge, qui prend fin au 15ème siècle.

 

31

Aujourd'hui

La révolution technologique multiplie les changements dans la vie des hommes. Pour la première fois, ils ont pu quitter la Terre et marcher sur un autre astre. Pour la première fois aussi, ils sont en mesure de détruire leur propre planète.

A notre échelle, une vie humaine de 75 ans représente 5 centièmes de millimètre.

 

 

 

Zoom

Agrandi 150 fois, ce segment de notre fil du temps couvre la période entre -10'000 et

1500, des derniers mammouths à la fin du moyen âge.

1 cm = 100 ans

Maquette: Catherine et André Glauser

 

Jusque vers -8'200

C'est la fin du paléolithique. Les derniers mammouths disparaissent. La toundra des bords du Léman s'enrichit de genévriers et de bouleaux nains, puis des premiers pins sylvestres. De petits groupes de nomades y vivent de cueillette, de pêche et de chasse, au rythme des migrations de rennes. Ils ont apprivoisé un premier animal : le loup, devenu chien.

 

De - 8'200 à -5'500

Au mésolithique, la toundra fait place à la forêt, où se répandent le noisetier et l'orme, puis le chêne. Les rennes ont migré vers le Nord, remplacés par les cerfs, les chevreuils, les sangliers. Les hommes vivent toujours de cueillette et de chasse, qu'ils pratiquent désormais avec une arme dernier cri : l'arc.

 

De - 5'500 à - 2'300

Avec l'apparition, au néolithique, de l'agriculture et de l'élevage, l'homme apprivoise la nature. Il n'a plus à suivre le gibier et devient sédentaire. Il défriche et cultive, crée la poterie, puis la métallurgie du cuivre. Dans les premiers villages, bâtis sur le littoral, les communautés se développent et se structurent. L'accumulation des biens et l'expansion démographique entraînent les premières vraies guerres : les fortifications et les armes spécialement dirigées contre l'homme font leur apparition.

 

De -2'300 à -800

L'âge du bronze voit le développement des échanges. Importé de régions lointaines, l'étain ajouté au cuivre donne le bronze, qui renouvelle l'outillage et l'armement. Le cheval devient moyen de transport. La société se hiérarchise et des classes dominantes de cavaliers et guerriers se constituent.

 

De -800 à -15

Les villages littoraux sont abandonnés. A l'âge du fer, le commerce avec les Grecs et les Etrusques s'intensifie, favorisant l'émergence de castes "princières" qui, vers -450, disparaissent au profit d'une classe dominante plus large. Répartis en peuples distincts (parmi lesquels les Helvètes), les Celtes bâtissent au 2ème siècle les premières villes, en général fortifiées. L'une d'elles est sans doute implantée à Lausanne, sur la colline de la Cité.

 

De - 15 à 476

Ces dates conventionnelles, valables pour nos régions, délimitent la période romaine. Les Helvètes font partie de l'empire romain ; ils adoptent la maçonnerie, le latin, l'écriture... La colline de la Cité est désertée et Lousonna se développe sur la rive. Puis, dès le 4ème siècle, les habitants regagnent les hauteurs mieux protégées. Installés en 443, les Burgondes, un peuple germanique, se mêlent à la population locale.

 

De 476 à 800

Au haut moyen âge, les Burgondes sont englobés dans l'empire franc des Mérovingiens. Les ruines de Lousonna sont exploitées comme carrières.

 

Dès 800

Au cours du moyen âge, la ville de Lausanne se développe sur la colline de la Cité, où la cathédrale est édifiée aux 12ème et 13ème siècles.

 

 

La préhistoire vous intéresse? Visitez le Musée cantonal d'archéologie et d'histoire, Palais de Rumine, Lausanne

L'histoire médiévale vous intéresse? Visitez le Musée historique de Lausanne, place de la Cathédrale, Lausanne

 

II. Avant les Romains

Les Gaulois, prétendus barbares

Dès -450, durant le second âge du fer (ou période de La Tène, du nom d'un célèbre site neuchâtelois), les Celtes, que les Romains appellent Galli, s'étendent peu à peu dans toute l'Europe centrale. Sans autorité politique commune, leurs nombreux peuples partagent la religion, la langue, la culture en général.

En -390, des Celtes pillent Rome, qui n'est encore qu'une petite ville, chef-lieu d'un modeste état italien. L'affront marque la mémoire romaine, pour qui le Gaulois incarne désormais le barbare par excellence, à la fois arrogant et dangereux, puéril et aviné.

Mais la civilisation gauloise est bien éloignée de ce cliché : aux 2ème et 1er siècles avant notre ère, les Celtes bâtissent des villes, frappent monnaie et commercent avec Rome, dont les négociants sont d'ailleurs installés en Gaule bien avant la conquête. Ils pratiquent une agriculture et un élevage intensif, maîtrisent à merveille la métallurgie du bronze et du fer ainsi que l'orfèvrerie. Leurs artisans sont aussi d'admirables artistes, et leurs druides, à la fois prêtres, juges et professeurs, connaissent les sciences et la philosophie.

Les Helvètes, "riches en or et pacifiques"

C'est ainsi que le Grec Posidonios, vers 100 avant J.-C, évoquait ce peuple gaulois.

Au 2ème siècle avant notre ère, il y avait des Helvètes en Allemagne méridionale ; mais en -58, Jules César ne les situe que sur le Plateau suisse, au Sud du Rhin. Peut-être se sont-ils déplacés, peut-être leur territoire s'est-il restreint.

Selon César, il y a chez les Helvètes 12 villes, 400 villages et d'innombrables fermes. Divisés en 4 tribus, ils ont pour voisins d'autres peuples celtes : les Allobroges en Savoie et à Genève, les Nantuates dans le Chablais, les Véragres à Martigny et les Sédunes à Sion, les Séquanes outre-Jura, les Rauraques à Bâle. D'autres voisins ne sont pas de culture celtique : les Rhètes à l'Est, et les Germains au Nord du Rhin.

Lousonna - Lausanne

C'est aux temps gaulois, et peut-être bien avant, que remontent des noms familiers : Genava - Genève, le Lemannus - Léman, Eburodunum - Yverdon, Minnodunum - Moudon, Salodurum - Soleure, Turicum - Zurich et bien d'autres.

Lousonna, ou Leusonna sur certains documents, est aussi un nom gaulois. Sa signification est controversée : selon certains, il vient du mot lausa, "pierre aplatie". Lausanne, c'est donc "la Pierre" ; peut-être à cause d'un grand menhir orné de trois visages sculptés, bien connu autrefois sous le nom de "pierre Oupin", et disparu au cours du siècle dernier. Il se dressait à l'Ouest de Lousonna, à l'endroit où un petit sanctuaire fut bâti au début de l'époque romaine.

 

 

III. Histoire et histoires

A partir de - 500 et surtout à l'époque romaine, les témoignages écrits font sortir les hommes de l'anonymat. L'Histoire commence, avec son grand H, ses dates, ses événements, ses batailles, ses personnalités.

S'ils fournissent de précieuses informations, les textes antiques n'en sont pas moins partiels et partiaux. Ceux qui concernent nos régions sont rarissimes, romano-centristes et "colonialistes". L'archéologie, heureusement, permet d'éclairer un peu ce qu'ils laissent dans l'ombre : les techniques, les échanges, la vie quotidienne, les croyances… les gens. Une histoire qui, malgré son petit h, est autrement plus vaste que l'autre.

Afin de planter le décor, voici un petit aperçu des événements qui, au fil de cinq siècles, ont marqué l'empire romain en général et nos régions en particulier.

 

-58

Emigration helvète

368'000 demandeurs d'asile !

La migration des Helvètes se solde par un échec face à Jules César, qui s'engage dans la conquête de la Gaule.

Depuis -61, les Helvètes se préparaient à émigrer vers les rivages atlantiques, en pays santon. Le 28 mars -58, avec d'autres émigrants venus des peuples voisins, ils se rassemblaient près de Genève, où depuis 60 ans le Rhône marque la frontière de la Province romaine de Transalpine. Leur but : franchir le fleuve, puis couper par la Province avant de gagner la vallée de la Saône, en Gaule "indépendante". Mais c'était compter sans le Proconsul chargé de la Transalpine : Jules César. Ayant fait couper le pont sur le Rhône, il interdisait le passage par la Province. Mi-avril, les émigrants se résignaient à franchir le Jura par d'étroits défilés en restant sur la rive nord, en territoire gaulois. Mais divers motifs poussèrent le Romain à l'interventionnisme: quelques semaines plus tard, il attaqua par surprise les Helvètes en train de franchir la Saône. Puis, mi-juin, ce fut la bataille de Bibracte, qui se solda par la capitulation helvète. Sur ordre de César, 110'000 rescapés sont revenus sur le territoire, entre Rhône, Rhin, Alpes et Jura. Pour eux, la guerre est terminée; pour les Romains, la conquête de la Gaule a débuté.

(carte)

 

-57

Guerre des Gaules

Valais: chasse à la louve romaine

Suite à un accrochage, Servius Galba remporte en Valais une victoire qui a tout l'air d'une défaite.

Combattant chez les Belges, César voulait s'assurer une liaison rapide avec l'Italie. Sous prétexte "d'ouvrir au commerce la route des Alpes, où les marchands ne circulaient jusque là qu'au prix de grands dangers et en payant de lourds péages" (Guerre des Gaules III, 1), il envoya donc une légion (6'000 hommes), sous le commandement de Servius Galba, hiverner à Octodure (Martigny) avec la mission de contrôler le col du Grand-Saint-Bernard. Mais les peuples celtes de la région, Véragres et Sédunes, ont attaqué par surprise les Romains qui, au terme d'une sanglante bataille, sont parvenus in extremis à battre en retraite vers Genève.

 

-50

Conquête

Jules César: la paix des Gaules

Après huit ans de guerre, la situation en Gaule semble stabilisée. Cette conquête militaire apporte à Rome du butin et des tributs, et ouvre au commerce extérieur romain des marchés prometteurs.

Depuis la migration avortée des Helvètes, César a guerroyé en Gaule, par ambition personnelle (la gloire militaire et le butin amassé lui permettant d'asseoir sa puissance à Rome), mais aussi pour ouvrir de nouveaux marchés aux négociants romains. Avec l'aide de peuples gaulois alliés (Eduens, Arvernes et autres), il soumit le Nord et l'Ouest de la Gaule, et tenta même, en vain, de conquérir la Grande-Bretagne. En -52, ses alliés se retournaient contre lui et c'était l'insurrection générale, menée par Vercingétorix, vainqueur à Gergovie puis définitivement vaincu à Alésia. Quelques soulèvements furent encore brutalement réprimés en -51; et dès -50, la Gaule est totalement sous contrôle romain.

(portrait de César)

(carte)

 

Entre - 50 et -44

Urbanisme

Une colonie implantée à Nyon

Sur des terres confisquées aux indigènes, César installe des vétérans de l'armée au débouché sud du Plateau helvète.

Miroir de Rome, dotée d'institutions analogues à celle de la métropole, une colonie est un puissant foyer de "romanisation". Celle de Nyon, qui permet de contrôler un axe de passage stratégique a été attribuée à des anciens de la cavalerie, d'où son nom de Colonia Julia Equestris.

 

15 mars -44

Rome

Attentat meurtrier !

Victime d'un complot ourdi par des opposants à la dérive monarchique du régime, Jules César a été poignardé à Rome. Il a succombé à ses nombreuses blessures.

 

-44/43

Urbanisme

Bâle dans le camp romain

Selon les vœux de César, la Colonia Raurica a été implantée à Augst, près de Bâle. Comme celle de Nyon, elle contrôle l'accès au Plateau helvète.

 

Entre -40 et -20

Rubrique locale

Les débuts de Lousonna

Depuis 6000 ans, des gens ont vécu au bord du lac, dans la baie entre la Chamberonne et le Flon. Des villages lacustres s'y sont implantés, et quelques menhirs encore dressés remontent à ces temps lointains. Plus récemment, des Helvètes habitaient là; c'est sur un de leurs cimetières abandonné qu'ont été construites quelques habitations de petite taille, en bois et en argile.

 

2 septembre -31

Guerre civile

Bataille navale décisive

Ayant éliminé tous ses rivaux, Octave demeure seul maître. Reste à faire avaliser son pouvoir par le Sénat…

Jules César avait désigné comme héritier son petit-neveu, Octave, qui pour lui succéder a dû écarter nombre d'opposants, parmi lesquels Antoine, allié à Cléopâtre. Après 14 ans de guerre civile, il a battu leur flotte à Actium. Seul maître désormais, il lui manque encore la légitimité: en théorie, Rome est encore une République, gouvernée par le Sénat.

 

16 janvier -27

Politique

Le Sénat dit oui à Auguste pour le meilleur et pour l’empire

La République romaine a vécu. Elle fait place à l'empire romain.

Octave proposait d'instaurer un nouveau régime sous l'autorité d'un seul homme, afin de rétablir une paix durable. Le Sénat a accepté, lui décernant le titre d'Imperator Caesar Augustus. Désormais, Octave se nomme Auguste: il est le premier empereur romain.

(portrait d'Auguste)

 

-15

Conquête

A l'assaut des Alpes

De nouveaux territoires, dont celui des Helvètes, font désormais partie de l'empire.

Auguste rêve de conquérir la Germanie jusqu'à l'Elbe. Pour cela, il doit d'abord contrôler les cols alpins: ses beaux-fils, Drusus et Tibère, ont donc conquis la Rhétie. Dans le même mouvement, les peuples valaisans ainsi que les Helvètes ont été englobés dans l'empire.

(carte)

 

Vers - 15

Rubrique locale

Nouvel essor à Lousonna

Les autorités locales ont mis en place à Lousonna les grandes lignes d'un urbanisme nouveau : les habitats anciens, rasés, font place à des quartiers bien délimités, selon une trame géométrique, autour d'un réseau de rues à peu près orthogonal. La rue principale n'est autre que la voie qui relie le Valais à Genève. Ainsi, Lousonna prendra peu à peu l'aspect d'une petite agglomération gallo-romaine typique, avec ses habitations, ses quartiers artisanaux, sa place publique et ses sanctuaires. Mais la bourgade ne serait rien sans son port, idéalement situé au point où les marchandises transitent entre le bassin du Rhône et celui du Rhin, accessible par voie de terre à une trentaine de kilomètres à peine au Nord.

 

Dès -12

Conquête

Rome contre les Germains

Malgré le succès des expéditions romaines, la guerre en Germanie est loin d'être gagnée faute de pouvoir contrôler durablement le territoire.

Ayant implanté des bases militaires en Helvétie, Drusus avait attaqué la Germanie, par voie de terre et par mer. Il atteignait l'Elbe en -9, mais disparaissait peu après. Tibère lui succèda; en -3, il était à nouveau sur l'Elbe et la guerre semblait gagnée, lorsqu'une révolte dans les provinces danubiennes l'éloigna de Germanie.

 

Au plus tard en -4 ?

Sectes orientales

Né avant lui-même

La naissance de Jésus dit "Christ" n'est pas facile à dater, faute d'indications cohérentes.

Si, sous le préfectorat de Ponce Pilate en Judée (de 26 à 36), un dénommé Jésus semble bien avoir été condamné à la crucifixion, sa date de naissance demeure très floue. A en croire les évangiles selon Mathieu et Luc (rédigés environ un siècle après les événements, ndlr), Jésus serait venu au monde "au temps du roi Hérode", dont on sait de source sûre qu’il a régné de — 37 à —4 : Jésus serait donc né, au plus tard, 4 ans avant lui-même. Mais l’évangile de Luc situe aussi la naissance lors du recensement ordonné par l’empereur Auguste, et qui a eu lieu en l’an 6 après J.-C. !

Avant ou après J.-C... : paradoxalement, c’est sur une date bien incertaine qu’est fondée notre manière de dater. Une manière de dater qui d’ailleurs est bien postérieure (voir encadré).

Quelle ère est-il ?

Le système de datation basé sur deux ères, avant et après J.-C., ne date que du 6ème siècle. Chargé par le pape Jean 1er d’établir une chronologie, un moine nommé Denys le Petit situa la naissance de Jésus la 753ème année depuis la fondation de Rome, le 25 décembre. Puis il fit débuter la nouvelle ère le 1er janvier suivant, qui devint le 1er janvier de l’an 1. Et non le 1er janvier de l’an 0 ; car Denys ignorait le concept de zéro, inventé 2 ou 3 siècles plus tard par les mathématiciens arabes ; c’est la raison pour laquelle, depuis lors, les siècles et les millénaires débutent non pas les années 00, mais les années 01.

 

9

Guerre en Germanie

Trois légions romaines massacrées !

Une attaque surprise des Germains provoque un carnage qui pourrait bien changer le cours de la guerre.

Ayant repris la direction des opérations en Germanie, Tibère se heurte à une résistance acharnée: 20 ans d'agression romaine ont cristallisé l'opposition des peuples germaniques. En automne, trois légions romaines commandées par Varus ont été attaquées par les Germains d'Arminius dans la forêt du Teutoburg, alors qu'elles regagnaient leurs quartiers d'hiver. Ce fut un carnage. Traumatisé, l'empereur Auguste a ramené ses forces sur le Rhin.

 

14-16

Front de Germanie

Echec outre-Rhin : une garnison en Helvétie

Rome renonce à étendre son empire au-delà du Rhin: le fleuve marque désormais la frontière nord.

Le 19 août 14, Auguste s’éteignait à l’âge de 77 ans, et son beau-fils Tibère lui succèdait. Germanicus, fils adoptif du nouvel empereur, conduisit trois ultimes campagnes outre-Rhin. Malgré quelques succès, Tibère renonce officiellement à conquérir la Germanie. La limite de l’empire est désormais fixée sur le Rhin.

Le plateau helvète, dès lors, se trouve en zone frontière : les Romains ont établi des troupes dans les territoires au Sud du fleuve et créé le camp légionnaire de Vindonissa (Windisch).

(carte avec la frontière du Rhin et le camp de Vindonissa)

(portrait de Tibère)

 

Les empereurs romains

Imperator Caesar Augustus: tels sont les titres qui depuis Auguste sont décernés à tout empereur romain.

C'est en principe le Sénat de Rome qui nomme l'empereur; dans la réalité, il ne fait en général qu'entériner un choix fait par d'autres. Bien souvent en effet, et surtout au 3ème siècle, ce sont les légions, ou la garde prétorienne (seule unité militaire stationnée dans la capitale), qui font et défont les souverains. Une forme de coup d'état militaire permanent, qui mène à la guerre civile lorsque plusieurs des armées disséminées dans l'empire proclament chacune leur empereur (voir les événements de 69).

Si seul un homme peut accéder à la tête de l'empire, les femmes exercent une influence souvent considérable. Mère, sœurs ou épouses agissent comme conseillères, et dirigent parfois les affaires lorsque le souverain est à la guerre. Sans parler de leur rôle dans les intrigues pour le pouvoir. La voie qui mène au titre suprême est en effet souvent jonchée de rivaux, déclarés ou potentiels, assassinés de façons variées. Le trône n'offre guère plus de sécurité, et: rares sont les empereurs qui meurent de vieillesse.

Si le titre n'est pas officiellement héréditaire, des dynasties se constituent néanmoins, que facilite la coutume de l'adoption. Appartenant à la vieille aristocratie romaine au 1er siècle, les empereurs sont souvent issus de la bourgeoisie provinciale dès le milieu du 2ème siècle. La famille d'un Marc-Aurèle, par exemple, vient d'Espagne; Septime Sévère est africain, Elagabale syrien. Durant la période d'anarchie militaire (235-284), les troupes choisissent les empereurs parmi leurs officiers, tandis que des "usurpateurs" font sécession, comme Postumus en Gaule.

La tête de l'empire n'exclut pas le cumul des mandats, et nombre d'empereurs alignent les charges de consul, de tribun du peuple, de grand pontife etc. Dès le 2ème siècle, le titre de "César" désigne une sorte de sous-empereur, que le souverain nomme en général comme dauphin. Il arrive aussi que deux empereurs de rang égal se partagent le pouvoir. De 287 à 306, l'empire sera réparti entre deux empereurs et deux Césars (tétrarchie). C'est à cette époque qu'intervient la subdivision en empire d'Orient et empire d'Occident, qui seront ensuite gouvernés chacun par un empereur à quelques courtes périodes près. Le dernier empereur d'Occident, Romulus Augustule, règne de 475 à 476.

 

47

Transversales alpines

Grand-Saint-Bernard : un col vers la Manche

Une nouvelle route relie désormais l'Italie et la Gaule du Nord par le Valais et le pays helvète.

L’empereur Claude, qui prépare la conquête de la Grande-Bretagne, avait besoin de liaisons rapides et sûres entre l’Italie et la Manche. Il a donc aménagé le col du Grand-Saint-Bernard (Summus Poeninus), et créé à son débouché nord le Forum Claudii Vallensium ("marché de Claude chez les Valaisans", Martigny).

Empruntant le tracé de chemins plus anciens, la route de Claude longe le Rhône jusqu’au Léman, passe par Viviscus (Vevey) puis Lousonna, obliquant ensuite au nord en direction d’Orbe et franchit le Jura par le col de Jougne qui mène à Ariolica (Pontarlier). Tous les milles romains (1482 mètres), une borne milliaire indique la distance parcourue ainsi que le nom et les titres de l’empereur. Voué tout d’abord à des impératifs militaires, cet axe est appelé à devenir un facteur vital de la prospérité économique régionale.

(carte)

 

Rubrique locale

Un forum à Lousonna

A l'extrémité orientale de l'agglomération, les édiles ont aménagé une place publique en bordure de laquelle, au bord du lac, a été édifiée une basilique en maçonnerie. Ce vaste bâtiment abrite les activités administratives, judiciaires et financières.

 

64

Sinistre

Rome est en feu !

Depuis une semaine, la ville de Rome est la proie des flammes. De folles rumeurs circulent quant à l'origine du désastre.

Favorisé par l’étroitesse des rues et de nombreuses constructions en matériaux facilement inflammables, l’incendie s’est propagé rapidement, attisé par un vent soutenu. Bien que le sinistre soit très certainement d’origine accidentelle (il se serait déclaré dans un quartier artisanal où abondent les fours et les foyers), la population traumatisée n’a pas tardé à chercher des boucs émissaires. Certains accusent l’empereur Néron d’avoir lui-même bouté le feu à la capitale (bien qu’il ait ouvert ses jardins pour accueillir les milliers de sans-abris victimes de la catastrophe), d’autres désignent les chrétiens, une secte juive qui, comme les autres Juifs refuse de sacrifier aux dieux, et est considérée comme "ennemie du genre humain".

 

69

Coups d’état militaires

La guerre en Helvétie !

Dans le cadre de la lutte pour l’empire, un accrochage avec les Helvètes, demeurés fidèles à un prétendant déjà mort, dégénère en massacre.

Depuis le suicide de Néron en juin 68, les troubles liés à sa succession n’ont cessé de défrayer la chronique : pas moins de quatre empereurs, déclarés tels par leurs troupes respectives stationnées en différents points de l’empire, se sont disputés le pouvoir.

En octobre 68, Galba avait été proclamé empereur par l’armée. Comme la plupart des autres peuples soumis, les Helvètes lui avaient juré fidélité. Mais le 2 janvier 69, les légions de Rhénanie, mécontentes de Galba, nommaient leur commandant Vitellius empereur. Dix jours plus tard, Galba était assassiné à Rome, où la garde impériale, qui récusa Vitellius, proclama alors Othon.

Vitellius quitta alors la Rhénanie pour Rome, où il comptait affronter Othon; empruntant le chemin de l’Alsace et de la Franche-Comté en direction de Lyon, il enjoignit à l’un de ses généraux, Caecina, de passer par le pays helvète afin de rallier la XXIème légion, dite Rapax, cantonnée à Vindonissa. C’est alors que les choses se gâtèrent. Voici ce qu’en dit Tacite (qui écrit 50 ans après les événements, ndlr):

"D’un naturel violent, Caecina avait été irrité par les Helvètes — un peuple gaulois autrefois réputé pour ses guerriers — qui, ignorant encore la mort de Galba, refusaient l’autorité de Vitellius.

Tout commença à cause de la cupidité de la XXIème légion, qui avait dérobé l’argent destiné à la solde d’un fortin que les Helvètes entretenaient à leurs frais. En guise de représailles, les Helvètes avaient intercepté une lettre de l’armée et arraisonné un centurion et quelques soldats. Avide de vengeance, Caecina leva le camp et mis à sac une localité qui, au cours d’une longue période de paix, s’était développée notamment grâce à ses bains (Aquae Helveticae, aujourd’hui Baden, en Argovie). […] Arrogants avant la menace, les Helvètes se révélèrent moins vaillants face au danger. […] Des milliers d’entre eux furent massacrés, beaucoup d’autres vendus aux enchères.

Après avoir tout détruit, Caecina marchait sur la capitale, Aventicum (Avenches), lorsque des délégués vinrent lui soumettre sa reddition. […] Caecina laissa à Vitellius (qui campait près de Lyon) le soin de décider du sort de la ville. […] Clodius Cossus, l’un des délégués helvètes réputé pour son éloquence, sut adoucir la troupe, […] et la ville fut épargnée."

Après cet épisode, Caecina quitta le pays et gagna l’Italie par le Grand-Saint-Bernard. En avril 69, les partisans de Vitellius l’emportèrent sur ceux d’Othon, qui se suicida. Mais Vitellius n’a guère profité de sa victoire ; le 1er juillet, les légions d’Orient ont proclamé empereur Flavius Vespasien qui, ayant marché sur Rome, a pris le pouvoir après un terrible combat de rue ; Vitellius a été tué le 20 décembre 69.

 

69-79

Politique

Banque et cadeaux impériaux

L'empereur Vespasien se montre particulièrement généraux avec les Helvètes, dont la capitale devient une colonie.

Depuis que Vespasien est au pouvoir, les Helvètes sont choyés. Il faut dire que le père de l’empereur, Flavius Sabinus, d’origine italienne, était devenu banquier dans la capitale des Helvètes, à Aventicum. Et le fils de Vespasien, le futur empereur Titus, y passe d’ailleurs une partie de son enfance. Ces liens familiaux, ainsi que l’attitude des Helvètes en 69 face à l’armée de son ennemi Vitellius, semblent inciter l’empereur à la bienveillance envers eux : Aventicum a reçu le statut de colonie et s’appelle désormais la Colonia Pia Flavia Constans Emerita Helvetiorum Foederata. En prime, Vespasien et Titus ont doté la ville d’une muraille monumentale, commencée en 72. Quant à la légion XXI Rapax, dont les Helvètes gardaient un triste souvenir depuis 69, elle a été dépêchée loin de Vindonissa, où une autre unité la remplace.

(portrait de Vespasien)

 

73-74

Situation militaire

Rome outre-Rhin !

60 ans après la mort d'Auguste, son rêve est en partie réalisé: des territoires conquis aux Germains sont désormais englobés dans l'empire.

Le général Cnaeus Cornelius Pinarius Clemens a réussi en partie là où d’autres avaient échoué 50 ans auparavant : il a conquis une portion de la Germanie au-delà du Rhin, englobant la Forêt-Noire et le sud de la Bavière. La frontière nord de l’empire est repoussée : désormais, elle relie Remagen sur le Rhin à Regensburg sur le Danube. Faute d’être naturellement protégée par un fleuve, cette ligne d’environ 540 kilomètres a été fortifiée (limes). Conséquence de cette conquête : le territoire helvète n’est plus en zone frontière.

(carte)

 

24 et 25 août 79

Vulcanologie

Le Vésuve déchaîne l'enfer

Suite à une soudaine éruption du Vésuve, les cités de Pompéi et d’Herculanum ont été ensevelies sous la cendre et la lave.

Scènes d'horreur à Pompéi: en proie à la panique, les habitants fuient sous un ciel obscurci par une pluie de cendre; certains, morts asphyxiés, sont ensevelis. Récit de Pline le Jeune, qui était sur place :

"Une nuée noire et effrayante, déchirée par des vapeurs incandescentes formant des sinuosités et des zigzags, s'ouvrait pour donner de longues traînées de feu. Des cendres tombaient déjà, mais encore peu serrées ; je me retourne : une traînée noire et épaisse venait sur nous par derrière, comme un torrent qui aurait coulé sur le sol à notre suite. "Quittons le chemin, dis-je, de peur d'être écrasés sous les pas de nos compagnons dans les ténèbres". […] De nouveau ce furent les ténèbres, de nouveau les cendres en lourdes averses; nous nous levions de temps en temps pour les secouer, sans quoi nous aurions été couverts et écrasés par le poids."

 

85-89

Géographie politique

Une nouvelle province

Le Plateau suisse, qui jusqu’alors faisait partie d’un territoire militaire dépendant de la Gaule Belgique, appartient désormais à la Province de Germanie supérieure, créée par l’empereur Domitien. Capitale : Mayence.

 

101

Politique militaire

L’Helvétie sans armée

Depuis que la frontière de l’empire a été déplacée vers le Nord, la garnison de Vindonissa n’a plus guère de rôle défensif à jouer. Désormais sans raison d’être, elle est donc supprimée. Le camp désaffecté et ses faubourgs deviennent une petite agglomération civile.

 

106

Géopolitique

L’empire n'a jamais été aussi grand !

En créant la province d’Arabie (Sinaï et Jordanie) et en conquérant la Dacie (une partie de la Roumanie, jusqu’au Carpathes), l’empereur Trajan a donné à l’empire romain son extension maximale.

Sa population est estimée à 50 millions d’habitants, peut-être le double. A Rome même, vivent entre 500'000 et 1 million de personnes, les autres grandes villes — Alexandrie, Carthage, Antioche, Ephèse…— comptant environ 200'000 habitants. Les langues officielles sont le grec dans la partie orientale, le latin en occident.

Subdivisé en provinces, ce gigantesque empire favorise les échanges commerciaux et culturels, tout en garantissant paix et prospérité (tout au moins pendant le 2ème siècle, ndlr).

(carte de l’empire)

(portrait de Trajan)

 

Vers 150-170

Faits divers

Troubles en Helvétie

En ce milieu de 2ème siècle, le territoire helvète semble connaître une certaine agitation, à en croire divers témoignages. L’agglomération de Lousonna aurait notamment subi des destructions partielles, et nombre d’habitants inquiets enfouissent leurs économies. Ces troubles sont vraisemblablement liés à des révoltes locales et non à des invasions.

 

166

Santé publique

La peste !

Ramenée d’Orient par une armée, la peste ravage l’empire.

Cette épidémie n'est pas la première, mais son ampleur et sa gravité en font l'un des principaux fléaux de l'époque. Selon certaines sources, on ne dénombrerait pas moins de 200'000 victimes rien qu’en ville de Rome.

 

167-180

Sécurité extérieure

Menace sur le Danube

Comme si la peste ne suffisait pas, la sécurité de l'empire est mise à mal par les expéditions des "barbares".

L’empereur Marc-Aurèle a dû partir en campagne contre les Marcomans, les Quades et autres peuples venus du Nord, qui sont parvenus à franchir la frontière danubienne et qui poussent des raids meurtriers jusqu’aux portes de l’Italie. L’armée étant décimée par la peste, l’empereur a été obligé de compléter les effectifs en enrôlant des brigands, des esclaves et des gladiateurs.

(portrait de Marc-Aurèle)

(scène de guerre de la colonne de Marc-Aurèle. (atlas du monde romain, p. 105 Légende: Prisonnier barbare abattu d'un coup de lance dans le dos)

 

212

Réforme administrative

Citoyenneté romaine pour tous

L’empereur Caracalla a promulgué un édit qui octroie à tout homme libre de l’empire le statut juridique de citoyen romain.

Mettant fin à des siècles d’inégalités, cette révolution offre aux habitants des provinces une promotion sociale considérable. Désormais tous membres à part entière de l’empire, ils peuvent bénéficier des dispositions du droit romain. L’Edit de Caracalla entraîne aussi une uniformisation administrative et fiscale, ce qui permet de simplifier les rouages de l’Etat.

(portrait de Caracalla)

 

213

Sécurité extérieure

Les Alamans sur le Rhin !

Caracalla a dû se rendre en région rhénane où il a infligé une défaite aux Alamans, qui menaçaient les territoires romains. Mais les Alamans, avec d’autres peuples germaniques, pourraient bien se révéler de plus en plus dangereux à l’avenir.

 

222

People

Elagabale perd la tête

L'empereur Elagabale, qui dans sa folie ne cessait de bafouer les traditions, a fini décapité.

Les souverains romains ont souvent défrayé la chronique par leurs excentricités, sans parler des complots et meurtres variés, perpétrés notamment contre des rivaux réels ou supposés. Mais rarement les excès des empereurs n’avaient atteint un tel degré dans l’irrespect des traditions. Durant quatre années, Elagabale, grand prêtre et adepte fanatique du dieu syrien dont il a pris le nom, a multiplié les provocations en tous genre : se moquant ouvertement des institutions, il a d’abord répudié sa femme pour épouser… une vestale ! (A qui la tradition romaine impose une chasteté absolue, et sacrée). Puis il la congédia à son tour pour se marier avec un célèbre gladiateur ! Sa grand-mère a fini par le faire décapiter. Puis elle mit au pouvoir un autre de ses petits-fils, Sévère Alexandre, âgé de 17 ans.

 

Début 3ème siècle

Economie locale

Compagnie de navigation à Lousonna

Par décret du Conseil des Décurions d'Avenches, qui dirigent toute la Cité des Helvètes, la corporation des nautes du Léman a obtenu l'autorisation d'installer ses bureaux dans une annexe de la basilique de Lousonna. Cette compagnie de bateliers gère le transport des marchandises sur le lac ainsi que leur transbordement jusqu'à Yverdon par la route.

 

233-235

Sécurité extérieure

Perses, Alamans et coup d’Etat

Rome doit désormais se défendre sur deux fronts à la fois, contre les Perses en Orient et contre les Germains au Nord.

En guerre depuis deux ans contre les Perses, qui tentent de conquérir le bassin de l’Euphrate pour pouvoir accéder au Golfe, l’empereur Sévère Alexandre a dégarni la frontière Rhin-Danube, et les Alamans en ont profité pour pénétrer en territoire romain. Dans l’urgence, et après avoir concédé une demi-défaite en Orient, Sévère Alexandre a alors gagné le Rhin à la hâte. Par crainte d’un échec militaire, il a choisi d’engager des pourparlers avec les Alamans mais ses troupes, qui préféraient combattre, l’ont assassiné dans sa tente avec sa mère, le 18 mars 235.

Les soldats ont alors proclamé empereur un officier d’origine thrace célèbre pour sa force herculéenne et pour son attitude belliqueuse envers les Germains : Maximin. Ce nouveau chef est parvenu à vaincre les Alamans au cours de l’année 235.

 

3ème siècle

Commentaire

Jubilé : pas de quoi jubiler

Du 21 avril 247 — 21 avril 248, Rome est en fête : il y a mille ans que, selon la légende, la ville a été fondée par Romulus. Pendant toute une année, on célèbre l’événement par des fastes grandioses qui font oublier un peu la situation de l’empire : car il n’y a pas vraiment de quoi pavoiser en ce milieu du 3ème siècle.

Au plan politique, on assiste depuis une douzaine d’années à une forme d’anarchie marquée par des complots et des coups d’états en série entrecoupés de guerres civiles. Proclamés par les troupes, les empereurs ne règnent parfois que quelques mois, voire quelques semaines, avant d’être éliminés par d’autres. Le pouvoir du Sénat est de plus en plus théorique.

Au plan militaire, c'est encore pire. Poussés par les Huns qui mettent à profit une crise de l'empire chinois pour avancer vers la mer Caspienne, les Alains, les Goths, les Vandales, les Francs et les Alamans viennent menacer les frontières de l'empire. A l'Est, les Perses constituent un autre danger. La situation ne fera qu'empirer dans les décennies qui suivent.

Au plan social et économique, les guerres et l'anarchie coûtent très cher. Ecrasés d'impôts, petits fermiers et artisans renoncent à leurs activités, viennent grossir les foules oisives des villes ou les bandes de brigands, ou encore deviennent serfs sur de grands domaines agricoles. Aggravée par de meurtrières épidémies de peste, une importante régression démographique ne fait qu'accentuer la baisse de productivité. En proie à la sous-production, Rome et l'Italie sont devenus des parasites qui ne vivent que de l'apport des provinces, où se développent de nouveaux centres économiques et culturels.

Par ailleurs, l'empire est en proie à une crise monétaire qui deviendra catastrophique dans la seconde moitié du 3ème siècle. La valeur de la monnaie est fondée sur sa teneur en métal précieux. A plusieurs reprises déjà, on a procédé à une forme de dévaluation en réduisant cette teneur: Néron émit des deniers à 90% d'argent, valeur qui descendit à 75% sous Marc-Aurèle et à 50% sous Septime Sévère. Au 3ème siècle, les dépenses de l'Etat augmentent et le métal précieux se raréfie. Résultat: sous Gallien (253-268), la teneur en argent n'est plus que de 5%; on émet des pièces de cuivre recouverte d'une pellicule d'argent. Parallèlement, les prix flambent. Un boisseau de blé qui valait un demi-denier au 2ème siècle coûte 100 deniers à la fin du 3ème. Alors que l'Etat doit payer en espèces les soldats qui tant bien que mal défendent les frontières, les impôts rentrent de plus en plus mal; ils sont peu à peu remplacés par des prélèvements en nature.

Bref: tous ces facteurs interdépendants composent un tableau peu réjouissant, et les festivités du millénaire semblent plutôt annoncer la fin d'un monde. Mais le 3ème siècle, par ailleurs mal documenté par les textes, est davantage une période de transition, qui grâce aux réformes de Dioclétien (284-305) débouchera sur une nouvelle période de prospérité.

 

250

Santé publique

Sacrifices contre la peste : les chrétiens persécutés

Venue d’Ethiopie, une épidémie de peste ravage à nouveau l’empire, emportant des dizaines de milliers de personnes.

Afin de raffermir l’unité religieuse, l’empereur Dèce a promulgué une loi qui oblige chaque citoyen de l’empire à sacrifier aux dieux officiels, à jours fixe et sous contrôle. Ceux qui s’y refusent, en particulier les chrétiens (voir encadré), sont persécutés.

Qui sont les chrétiens ?

Le mouvement chrétien est né en Judée sous le règne de Tibère. Un prophète juif dissident, nommé Jésus, s’était semble-t-il aliéné le clergé de Jérusalem et avait troublé l’ordre public, raison pour laquelle le préfet romain Ponce Pilate l’avait condamné à la crucifixion. Selon les adeptes du mouvement chrétien, il serait ressuscité et aurait annoncé son retour imminent, qui devait marquer la fin du monde. Depuis, par l’entremise d’émissaires voyageant dans l’empire et prêchant à l’aide de textes rédigés vers la fin du 1er siècle, le christianisme s’est répandu chez les non-Juifs, et de nombreuses communautés ont été fondées.

On se souvient qu’en 64, lors de l’incendie de Rome, il s’y trouvait déjà des chrétiens, qui cherchaient à convertir leurs voisins, persuadés que la fin des temps était arrivée. Certains se réjouissaient même publiquement du désastre, croyant qu’il annonçait le retour de leur Messie ! Accusés par certains (à tort) d’avoir allumé l’incendie, ils constituaient quoi qu’il en soit de parfaits boucs émissaires pour Néron, soupçonné lui aussi (et lui aussi à tort). De plus, personne ne distinguait alors les chrétiens des Juifs, détestés et persécutés à plusieurs reprises déjà, car considérés comme des "ennemis du genre humain" : rejetant tous les autres dieux que le leur, ils refusent en effet de leur faire des sacrifices. Néron condamna donc les chrétiens à la peine prévue pour les incendiaires, et depuis lors, par décret administratif, il est interdit d’être chrétien sous peine de mort, puisque les chrétiens sont assimilés à des criminels.

Force est de constater, toutefois, que ce mouvement paraît plutôt inoffensif. En 111 ou 112, Pline le Jeune, qui gouvernait la Bithynie (Turquie), l’avait écrit à Trajan : selon la loi, il devait poursuivre les chrétiens, mais il n’avait constaté, après enquête, qu’une "superstition déraisonnable et sans mesure". Trajan n’avait pas vraiment pris de décision, renonçant à poursuivre d’office mais condamnant ceux qui s’affirmaient chrétiens et refusaient de sacrifier au dieux.

Depuis, les mouvements chrétiens ont été sporadiquement réprimés selon les époques et les régions.

250

catastrophe naturelle

La terre tremble au bord du Rhin

La ville d’Augusta Raurica (Augst), située au coude du Rhin, a été ravagée par un tremblement de terre.

 

253-260

Guerre contre les Perses

L’humiliation suprême !

Tombé aux mains de l'ennemi en Orient, l'empereur a été exécuté.

Tandis que son fils Gallien repoussait, entre 254 et 256, les Alamans et les Francs qui ravageaient le nord de la Gaule, l’empereur Valérien se battait contre les Perses qui, une nouvelle fois, s’étaient rués sur l’Arménie, avaient ravagé la Syrie, et qui sont même parvenus à prendre la ville d’Antioche. Malgré la peste qui décimait ses troupes, Valérien était en passe de les repousser lorsqu’il fut capturé en été 259. C’était la première fois qu’un empereur romain était fait prisonnier. Mais cette humiliation sans précédent a été suivie d’un désastre plus grave encore : en 260, Valérien a été exécuté par le roi perse Shapur 1er.

 

258-260

Invasions et sécessions

L’état de l’empire empire…

Devant une menace germanique plus pressante que jamais, la frontière est ramenée au Rhin, tandis que des empires dissidents voient le jour.

Dès 258, les Germains repoussés deux ans plus tôt sont repartis à l'assaut: les Francs ont repassé le Rhin et envahi une nouvelle fois la Gaule tandis que les Alamans pénétraient en Rhétie. Gallien confia au gouverneur Postumus le soin de contenir les premiers; il se chargeait des seconds, qui parvirent toutefois à gagner l'Helvétie. Des bandes d'Alamans sont même descendues jusqu'à Lyon, puis en Italie par le Sud des Alpes; d'autres passaient le col du Brenner et avançaient jusqu'aux portes de Rome en saccageant tout sur leur passage. Alors qu'ils remontaient vers le Nord, Gallien parvint à les vaincre près de Milan.

En 260, Rome renonce à défendre la ligne fortifiée qui relie le Rhin au Danube; la frontière est ramenée au Rhin. Du coup, le Plateau suisse se retrouve à nouveau en zone frontière: le camp de Vindonissa est donc restauré, et des troupes y sont stationnées.

Entre-temps, Postumus a pu contenir les Francs. Fort de cette victoire, il exécute Salonin, fils et co-empereur de Gallien et se proclame empereur de Gaule, de Grande-Bretagne et d'Espagne, avec Trèves pour capitale. C'est semble-t-il le seul moyen d'organiser efficacement la défense de ces territoires. Absorbé par d'autres urgences, Gallien tolère cette usurpation, d'autant que Postumus ne cherche pas à prendre la tête de tout l'empire.

Toutes ces guerres coûtent très cher; pour alimenter les caisses de l'Etat, on frappe les chrétiens qui refusent de sacrifier au dieux officiels et confisque systématiquement leurs biens.

 

268-269

Claude II

Le vainqueur des Germains vaincu par la peste

Ayant repoussé, en les battant en Rhétie, les Alamans qui menaçaient derechef le Nord de l'empire, l’empereur Claude II a ensuite infligé aux Goths, qui attaquaient en force par voie de terre et par la mer, une cuisante défaite en 269. Avant de succomber, victime de la peste.

 

269-275

L’empire rapiécé

Empires dissidents dissous

Sous le règne d'Aurélien la situation connaît une sensible amélioration (du point de vue romain).

L'empereur a mis fin à l’empire dissident d'Orient créé en 260, dont la fameuse reine Zénobie a été emmenée à Rome début 274; elle y achèvera sa vie dans la paix et l’opulence.

En Gaule aussi, l'empire indépendant formé par Postumus en 260 a pris fin. A Postumus, mort en 268, ont succédé Victorinus puis Tetricus. Abandonné par l'Espagne et la Narbonnaise, et constatant qu'Aurélien parvient à restaurer la stabilité dans l'empire, Tetricus s’est rendu en 274. Il deviendra sénateur.

L'empire est donc à nouveau à peu près entier. Mais Aurélien doit toujours faire face au danger germanique; il décide en 275 d'abandonner la Dacie, située outre-Danube et pratiquement indéfendable. Il renforce aussi les défenses de plusieurs villes, dont Rome. Puis il part combattre les Perses, décidé à venger Valérien. Mais il est assassiné en 275.

 

276-282

Guerre et meurtre

Probus: mort pour avoir réussi !

Le vainqueur des Germains est mort assassiné par ses propres troupes.

Officier aguerri, l’empereur Probus a regroupé sous son autorité les armées d'Orient et d'Occident, et s’en est allé combattre les Germains qui, ayant franchi le Rhin une nouvelle fois, mettaient la Gaule à sac. Victorieux sur toute la ligne, Probus réussit non seulement à repousser les Germains au-delà du Rhin, mais encore à les pourchasser et à les battre sur leur territoire. En 278, la Gaule était ainsi à l'abri de la menace germanique. Puis Probus pacifia la Rhétie où il défit les Burgondes et les Vandales, avant d'aller guerroyer dans d'autres régions. Ayant signé avec la Perse un traité de paix, il était parvenu, en 280, à maîtriser la situation militaire dans tout l'empire.

Au plan interne, Probus vint à bout de plusieurs tentatives d'usurpation, puis regagna enfin Rome en 281. Confiant alors aux légions des missions d'intérêt public (travaux routiers ou assèchement de marécages) il s'est attiré la rancune des soldats, qui l’ont assassiné le 2 septembre 282.

 

285-305

Analyse

L’empire réformé par Dioclétien

Dioclétien est parvenu à mettre enfin un terme à l'anarchie qui régnait depuis 50 ans (au cours desquels se sont succédés pas moins de 27 empereurs!). Resté 20 ans au pouvoir, le souverain a engagé des réformes essentielles.

Restructurant les provinces (voir encadré), il divisa l'empire en deux grandes parties, Occident et Afrique d'une part, Orient et Egypte d'autre part. Pour les gouverner, il s'associa Maximien, co-empereur chargé de l'Occident. En 286 et 287, celui-ci mit fin à la révolte des paysans gaulois qui, ruinés par l'impôt et spoliés par les grands propriétaires, s’étaient reconvertis dans le brigandage. Puis il repoussa les Burgondes, les Alamans et les Francs qui une nouvelle fois avaient franchi le Rhin. Il dut ensuite faire face à l'usurpation d'un de ses généraux, Carausius, qui s'était allié avec les Francs et avait instauré un empire dissident en Grande-Bretagne et dans l'Ouest de la Gaule. Face à l'ampleur de leurs tâches, Dioclétien et Maximin décidèrent en 293 de s'adjoindre chacun un vice-empereur, désigné comme successeur: c'est la "tétrarchie". Dioclétien choisit Galère, Maximien Constance-Chlore. Ce dernier prit en charge la Gaule et la Grande-Bretagne, avec pour capitale Trèves. Il vient à bout de Carausius pendant que Maximien renforçait la frontière du Rhin.

En 298, Constance-Chlore infligea une lourde défaire aux Alamans non loin de Vindonissa.

Durant cette période, Rome et l'Italie perdirent encore un peu de leur statut privilégié, la nouvelle subdivision favorisant le développement de capitales alternatives. Par ailleurs, l'autorité du Sénat, déjà bien mise à mal au cours des décennies précédentes, fut réduite au profit d'un pouvoir impérial toujours plus absolu. Les effectifs militaires furent massivement augmentés, les frontières renforcées.

Au plan économique, Dioclétien entreprit des réformes salutaires; recensant les ressources et les biens de l'empire, fixant l'impôt en fonction des dépenses projetées, il réalisa pour la première fois un véritable budget de l'Etat. Afin de juguler une inflation galopante, il fit frapper des monnaies à haute teneur en métal précieux et il promulgua en 301 l’Edit du Maximum, qui fixe les prix des denrées, des matières premières et des produits manufacturés. Le commerce redevint peu à peu florissant dans l'empire.

Le 1er mai 305, Dioclétien, malade, et Maximien ont abdiqué, désignant Galère et Constance-Chlore comme empereurs et les chargeant de nommer deux nouveaux vice-empereurs.

(portrait de Dioclétien)

Remaniement territorial

Ayant partagé l'empire en deux, Dioclétien a réorganisé le territoire. L'Occident est maintenant subdivisé en deux "préfectures", l'Italie et les Gaules, avec pour capitales Milan et Trèves. Bien plus vastes ne le suggère leur nom, ces deux entités sont séparées selon une ligne qui passe par le lac de Constance et les Alpes valaisannes.

Les préfectures sont elles-mêmes divisées en provinces, ou diocèses. A l'Ouest, en préfecture des Gaules, la région genevoise est désormais englobée dans la Viennensis, avec pour capitale Vienne (Isère). Le Plateau et la région bâloise appartiennent à la Grande Séquanie, centrée sur Besançon. Comme auparavant, la vallée du Rhône et le Chablais font partie des Alpes Grées et Pénines.

(carte)

 

313-324

Conversion

Un empereur chrétien !

La nouvelle religion gagne en influence depuis que Constantin s'est converti.

Depuis fin 313, l’empire était partagé entre Constantin (Occident) et Licinius (Orient). La question chrétienne allait les opposer. En octobre 312, Constantin s'était converti au christianisme. En 313, il promulguait l'Edit de Milan, garantissant la liberté religieuse à tous les habitants de l'empire, et restituait aux chrétiens les biens confisqués. En 321, Constantin accordait à l'église le droit de recevoir des héritages, ce qui lui permit d'acquérir une considérable puissance économique.

Or, dès 320 en Orient, Licinius se mit à persécuter les chrétiens, qui appelèrent Constantin au secours. Et en 324, les deux blocs s'affrontaient : Constantin prit Byzance et, quelques mois plus tard, faisait exécuter Licinius avec son fils, vice-empereur. Désormais, Constantin est seul au pouvoir.

(portrait de Constantin)

 

324-337

Intégration

Germano-Romains

Les Germains sont de plus en plus intégrés dans les structures militaires de l'empire.

Délaissant Rome, Constantin agrandit Byzance, désormais baptisée Constantinople. Dans le même temps, il a fortifié la frontière danubienne, massacré les Goths puis, pratique de plus en plus courante, il a passé avec les survivants un traité qui les associe à la défense de l'empire.

Constantin poursuit aussi la réforme de l'armée, qui compte environ 400'000 hommes. L'effectif des légions est réduit à 1000 soldats (au lieu de 6000), ce qui assure une plus grande mobilité. Soldats et officiers d'origine germanique sont de plus en plus nombreux au sein des troupes d'élite.

 

362-364

Chrétiens en deuil

Ivre, il meurt asphyxié !

Le règne de Jovien, qui avait mis fin aux persécutions chrétiennes, a été abrégé par un stupide accident.

Le règne de Julien, dit "l'Apostat" a marqué un retour à la religion païenne, dont les fidèles recevaient la liberté du culte et dont les temples récupéraient les trésors confisqués naguère par Constantin, tandis que les chrétiens faisaient à nouveau l'objet de persécutions. Mais en 363, Julien fut mortellement blessé lors d'une nouvelle campagne contre les Perses.

Proclamé empereur par l'armée, le chrétien Jovien a tout juste eu le temps de renverser la politique religieuse de son prédécesseur : il est mort dans sa tente, dans la nuit du 16 au 17 janvier 364, asphyxié par un brasero alors qu'il cuvait...

 

364-365

Géographie

Deux empires romains !

Valentinien et son frère Valens ont décidé, en juin 364, de consommer officiellement le partage du monde romain.

L'empire romain d'Orient, attribué à Valens, et l'empire romain d'Occident dirigé par Valentinien sont désormais indépendants. Installé à Milan, Valentinien a pris diverses mesures pour lutter contre la corruption au sein de l'Etat, et pour protéger les pauvres contre le pouvoir abusif des riches. En matière religieuse, l'empereur (chrétien lui-même) fait preuve de tolérance et favorise la liberté du culte.

 

365-368

Frontière nord

Encore les Alamans…

En 365, Valentinien quittait Milan pour la Gaule, que les Alamans avaient envahie une fois de plus. Il parvint à les défaire. Mais en 368, les Alamans attaquaient Mayence et emmenaient de nombreux captifs. Valentinien contre-attaqua, défaisant les Alamans au-delà du Rhin. Puis il établit une ligne fortifiée au long du fleuve.

 

375

Le coin des tout-petits

Co-empereur à 4 ans !

Agé de 16 ans, Gratien a succédé à son père Valentinien, mort d’une crise d’apoplexie le 17 novembre 375 à Aquincum (Budapest). Mais le jeune empereur doit partager le pouvoir sur l'Occident avec son demi-frère Valentinien II, proclamé par l'armée du Danube bien qu'il n'ait que 4 ans !

 

377-380

Désastre militaire

Les Germains attaquent à l'Est

Période noire pour l'empire romain, qui perd un souverain au combat et doit abandonner des territoires importants.

En 377, Gratien partait au secours de son oncle Valens, l’empereur d’Orient, qui était au bord du désastre: les Huns, les Alains, les Ostrogoths et les Wisigoths s'étaient répandus dans la région des Balkans et du Bosphore, semant la ruine jusqu'aux portes de Constantinople. Le pire survint le 9 août 378, lorsque l'armée de Valens fut anéantie par les Goths. Valens, dont le corps n'a pas été retrouvé, a disparu lors de cette défaite. Apprenant la nouvelle, Gratien fit demi-tour. Puis, le 19 janvier 379, il nomme Théodose à la tête de l'empire d'Orient. Grâce à l'armée d'un transfuge goth, celui-ci parvient à redresser la situation, mais il doit tout de même, en 380, abandonner définitivement les diocèses de Dacie et de Macédoine aux Germains.

 

381-382

Persécutions à l’envers

Il est interdit de ne pas être chrétien !

En Orient comme en Occident, le christianisme a fini par supplanter le paganisme, du moins dans la loi. Mais les cultes païens se perpétueront encore longtemps.

En 381 à Constantinople, Théodose, chrétien fanatique, décrétait le christianisme obligatoire; il tolérait cependant la pratique de l'ancienne religion romaine.

En Occident, Gratien est plus radical: en 382, il fait déclarer hors-la-loi la religion romaine traditionnelle. Dans le même temps, l'autorité de l'évêque de Rome, dit le pape, devient de plus en plus prépondérante.

10 ans plus tard, Théodose, qui entre-temps est devenu le seul empereur pour l’Orient et l’Occident, interdit définitivement, le 8 novembre 392, la pratique de l’ancienne religion sous toutes ses formes.

 

395-405

Des Germains partout

Un Vandale défend l’Italie contre les Goths!

Même la péninsule italienne est désormais menacée par les invasions. Et c'est à un général d'origine germanique que Rome doit son salut.

Après avoir détruit Athènes et Corinthe, le Wisigoth Alaric menace l’Italie que défend, aux côtés de l’empereur Honorius, le général vandale Stilichon. En 400, Alaric avance sur Milan. Pour mieux défendre l’Italie, Stilichon retire en 401 les troupes affectées à la défense de la frontière rhénane. Puis, avec l’aide des Alains et les Vandales qu'il a vaincus en Rhétie, il dégage Milan assiégée, et bat l'armée d'Alaric le 6 avril 402. Un accord est conclu, qu'Alaric dénonce en prenant Vérone. Stilichon libère la ville puis arraisonne les Goths.

En 405, c'est au tour des Ostrogoths du chef Radagaise d'envahir l'Italie et de marcher sur Rome. Assiégé à Florence, Radagaise capitule et est exécuté en août 406. Au faîte de sa gloire, Stilichon donne sa fille à Honorius et son fils à la sœur de l'empereur. Une manière d'accéder indirectement au trône auquel son origine "barbare" lui interdit de prétendre.

 

406-410

Désastre sans précédent

Les Goths à Rome !

Les Germains sont partout. Même la ville de Rome, cœur historique de l'empire romain, a été rackettée puis mise à sac par Alaric.

Dans la nuit du 31 décembre 406, Suèves, Alains et Vandales franchissaient le Rhin gelé près de Mayence. Balayant les Francs intégrés à l'empire pour en défendre la frontière, ils détruisaient la capitale Trèves et envahissaient la Gaule en masse, avant de passer les Pyrénées et de dévaster l'Espagne. Stilichon ne pouvait faire face sur ces deux fronts, d'autant qu'Alaric le Goth menaçait à nouveau l'Italie, où il pénétra en 408. On lui versa une somme d'argent pour qu'il épargne la péninsule. Mais les rancoeurs se déchaînèrent contre Stilichon, accusé entre autres d'avoir introduit les barbares dans l'empire. Trahi et abandonné par Honorius, il fut décapité à Ravenne le 22 août 408.

Alaric a profité de la disparition de Stilichon pour assiéger Rome, qui n'a pu se libérer qu'en promettant un lourd tribut: 5000 livres d'or, 30000 d'argent, 4000 robes de soie, 3000 pièces d'étoffe, 3000 livres de poivre. Le versement tardant, Alaric s'impatienta, exigea et obtint du Sénat romain la destitution d'Honorius, enfin s'empara de la ville le 24 août 410, et la mit à sac avant de se retirer. Alaric est mort l'hiver suivant.

 

4ème - 5ème siècle

Rubrique locale

Lousonna : là-haut sur la colline

Si certains continuent d'habiter sur la rive du lac, ne serait-ce que pour poursuivre les activités de pêche et celles liées au trafic lacustre, la population déménage peu à peu pour s'établir sur la colline de la Cité, plus facile à défendre en ces temps troublés. C'est sans doute une manière de retour aux sources : avant que la paix et de prospérité du début de l'époque romaine conduisent les gens à s'installer dans la plaine au long des axes commerciaux, des Helvètes avaient probablement déjà habité une petite agglomération sur la colline.

 

443

Intégration

Les Burgondes à Lousonna

Rome installe des alliés germains sur les bords du Léman afin de défendre les accès à l'Italie.

Installés en territoire romain dans la région de Mayence en tant que " fédérés " (c’est-à-dire avec mission de défendre l’empire contre les agressions extérieures, les Burgondes avaient rompu le traité, et le général romain Aetius leur avait infligé une sanglante défaite en 436. Mais son armée trop réduite et la menace multiple des autres peuples germaniques ont conduit Aelius aux solutions diplomatiques : c’est ainsi qu’en 443, il a installé les Burgondes en Sapaudie (bassin lémanique et rhodanien, Plateau vaudois) avec Genève pour capitale. A la clé, le contrôle des axes hautement stratégiques que sont la vallée du Rhône et le Grand-Saint-Bernard. Accueillis sans hostilité par la population locale (qui en contrepartie bénéficie d’une exemption d’impôts, et qui compte sur eux pour défendre le territoire), les Burgondes par ailleurs peu nombreux (environ 20'000) s’intègrent rapidement à la société gallo-romaine et adoptent la langue latine.

 

450-453

Attila

Les Huns contre les autres

Alors que l’empire d’Orient, centré sur une Constantinople plus florissante que jamais, connaît la prospérité ainsi qu'un fort développement de la vie intellectuelle et religieuse, l'empire d'Occident, en revanche, est à peu de choses près réduit à l'Italie, qui plus est menacée par Attila.

Dès 450, Attila et ses Huns envahissaient la Gaule dans le but de conquérir tout l’empire d’Occident. Romains, Burgondes, Wisigoths, Francs, Alains et Saxons s'alliaient alors contre eux et parvenaient à les repousser en été 451. Les Huns s'abattirent alors sur l'Italie ; en 452, ils avaient conquis tout le Nord de la péninsule, quand leur armée minée par la maladie et la famine fut contrainte de négocier. Contre un tribut annuel, Attila accepta de quitter l'Italie. Il est mort en 453.

 

455

Nouveau désastre

Rome pillée : les Vandales !

Pour la deuxième fois, la ville de Rome a été mise à sac par les Germains.

Le 17 mars 455, le pouvoir impérial revenait, pour la première fois depuis fort longtemps, à un aristocrate romain : Pétrone Maxime, immensément riche, dont les prodigalités à l'armée lui procurèrent un éphémère soutien. Mais le Vandale Genséric, qui avait conquis l'Afrique, débarqua en Italie. Pétrone Maxime chercha à fuir, ce qui lui valut d'être tué par le peuple de Rome le 31 mai 455. Genséric prit Rome trois jours plus tard. Certes, le pape Léon Ier a obtenu de lui qu'il renonce à incendier et tuer ; mais la ville est soumise à un pillage méthodique.

 

470

Gaule

Lyon capitale burgonde

Tout en reconnaissant en principe l’autorité romaine (ou ce qu’il en reste), les rois burgondes, qui d’ailleurs sont aussi des hauts fonctionnaires de l’empire romain (ou ce qu’il en reste), étendent leur influence en Franche-Comté, en Bourgogne et dans la vallée du Rhône. Leur capitale a été déplacée de Genève à Lyon en 470.

 

474-475

L’empire démantelé

La Gaule et l’Espagne sont germaniques !

Le 24 juin 474, Julius Nepos était acclamé empereur d’Occident. Mais il n'avait aucun appui en Italie. Le roi wisigoth Euric en a profité pour réclamer et obtenir la souveraineté sur l'Espagne et sur l'ensemble de la Gaule, hormis les territoires burgondes. Julius Nepos fut alors renversé par son général Oreste (ancien secrétaire d'Attila le Hun), qui a nommé empereur son fils Romulus Augustule, 14 ou 15 ans, le 29 octobre 475.

 

476

Fin d’un monde

L'empire romain d'Occident a vécu

Le dernier empereur romain a été remplacé par un "roi d'Italie" d'origine germanique.

S'il ne régnait plus que sur l'Italie, Romulus Augustule n'a pas eu à faire face à de graves menaces extérieures: il avait passé un accord avec les Vandales, et les Wisigoths et Burgondes de Gaule se tenaient plus ou moins tranquilles. Mais le danger est venu de l'intérieur : un officier ostrogoth nommé Odoacre s’est fait proclamer roi d’Italie par les soldats de la garde impériale, dont la majorité est d'origine "barbare". Capturé, Romulus Augustule a été épargné, et mis en résidence surveillée après qu’il eut officiellement remis sa démission au Sénat (comme si ce dernier avait encore un poids quelconque).

Le Sénat a alors envoyé une ambassade à Constantinople, pour annoncer à Zénon, l’empereur d’Orient, qu’il est désormais empereur d’Orient et d’Occident. A ceci près qu’il n’y a plus d’empire romain à l’Occident.

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©Laurent Flutsch, Conservateur du Musée romain de Lausanne-Vidy